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12h08 à l\'Est de Bucarest
article [ Polémique ]
Caméra d'Or Cannes 2006

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par [NMP ]

2007-01-18  |     | 








Un film de Corneliu Porumboiu
avec Mircea Andreescu, Teo Corban et Ion Sapdaru


Synopsis
:

Tout le pays a regardé en live à la télévision les foules en colère forçant le dictateur roumain Ceausescu à quitter Bucarest en hélicoptère.
Dans une ville paisible à l’est de la capitale, seize ans après ce jour historique, le propriétaire d’une chaîne de télévision locale demande à deux invités de partager leurs instants de gloire révolutionnaire. Le premier est un vieux retraité, Père Noël à ses heures ; l’autre, un professeur d’histoire qui vient de dépenser tout son salaire pour éponger ses dettes de boisson. Ensemble, ils vont se remémorer le jour où ils ont envahi la mairie en criant : « À bas Ceausescu ! »
Mais les téléspectateurs, qui interviennent au téléphone, réfutent les prétendus faits glorieux de ces héros : peut-être étaient-ils en train de se saouler au bar ou de préparer Noël, plutôt que de jouer les rebelles dans les rues ?

*

Interview avec Corneliu Porumboiu :

Comment vous est venue l’idée de faire un filmsur la révolution roumaine de 1989, mais dont l’action se situe de nos jours ?

J’ai vu un débat télévisé il y a de cela cinq ans, dans ma ville natale de Vaslui, dans l’est de la Roumanie. La question du jour était : y a-t-il eu ou non une révolution dans notre ville ? Trois personnes se disputaient pour savoir comment les événements se déroulèrent à l’époque. Ce sujet me trottait dans la tête depuis cinq ans. Et puis en mai de l’année dernière, j’ai terminé un scénario sur lequel je travaillais depuis deux ans et dont je n’étais pas encore satisfait. C’est pourquoi j’ai commencé à écrire 12:08 À L’EST DE BUCAREST, en m’inspirant des trois personnages que j’avais vus à la télévision. C’était une sorte de thérapie pour m’éloigner de l’autre scénario. A ma grande surprise, je l’ai fini au bout d’un mois. J’étais tellement content que j’ai décidé de commencer à le tourner le plus vite possible.

Où étiez-vous au moment de l’effondrement du régime communiste ?

J’avais quatorze ans à l’époque et je m’en souviens très bien. Le jour où le régime est tombé, je jouais au ping-pong dehors pendant que mes parents étaient scotchés au poste. Je suis rentré dans la maison juste après le moment crucial dépeint dans mon film, parce qu’à midi huit, là où nous vivions, tout le monde regardait en direct la fuite de Ceausescu.

Pourquoi un jeune réalisateur comme vous s’intéresse-t-il à ce moment historique ?

La révolution m’a marqué très profondément. À cette époque, je pensais que j’allais travailler en usine. La révolution a complètement bouleversé mes projets, comme ce fut le cas pour d’autres Roumains. Le programme télé qui a inspiré le film nous apprenait que la révolution du 22 décembre 1989 ne s’était pas étendue jusqu’à ma ville, Vaslui. Les gens n’étaient sortis dans les rues qu’après la nouvelle des événements de Bucarest. Tout d’un coup, ils se rendaient compte qu’il s’agissait d’un véritable cataclysme. Cela dit, il n’y a rien d’autobiographique dans ce film.

Comment vous situez-vous par rapport à vos personnages qui sont en conflit avec leur passé ?

Je suis comme le personnage du jeune caméraman qui filme le “débat révolutionnaire”. Comme il veut y participer, il essaie de donner son point de vue
par le cadrage et en faisant preuve d’innovation : il filme les témoins en gros plans, zooms, se rapproche d’eux pour capter quelque chose de leur sincérité. Comme lui, je voulais m’impliquer directement dans le film à la première personne.

Votre film joue-t-il sur le pouvoir de la télévision ?

Non, j’ai essayé de me concentrer sur mes trois personnages – le présentateur, le professeur, le vieil homme et leur souvenir de la révolution. J’ai voulu multiplier les points de vue sur cet événement. Ainsi, pendant l’émission, de nombreux téléspectateurs appellent pour donner leur propre version des faits. Leur débat sur les détails les plus insignifiants de ce jour historique du 22 décembre 1989 est à la fois drôle et désespéré. Parce que ces gens parlent d’un événement qui a changé leur vie tout en s’interrogeant sur son existence réelle dans leur ville.

Jouent-ils le rôle du choeur dans une comédie humaine ?

Oui, car j’avais peur de me perdre dans les généralités d’un sujet aussi vaste. Je voulais montrer les différents points de vue sur des événements qui relèvent de souvenirs très personnels. Quand les gens parlent de la révolution à la télévision locale, ils ne prennent pas en compte l’Histoire, mais reviennent très vite à leur expérience individuelle. Et là, je montre que dans de petites communautés comme celle-là, la notion de héros n’a pas cours.

Vous moquez-vous de leur prétention à devenir des héros ?

Personne dans le film ne pourrait jamais croire qu’un ivrogne puisse être un héros historique. Dans une petite ville comme celle-là, les gens vivent côte à côte chaque jour : ils savent exactement d’où vous venez, du coup, à leurs yeux, il ne peut rien y avoir d’héroïque dans votre vie. Pour changer cette mentalité, le journaliste de télévision, par exemple, veut créer un personnage plus vrai que nature. C’est bien connu. Ce type rêve qu’on lui érige un jour une statue ! Il a créé sa chaîne de télévision parce qu’il veut faire des choses importantes, il veut s’attaquer à l’histoire.

Est-il plus facile de choisir des sujets comme la chute du régime communiste et les changements sociaux seize ans plus tard ?

Je vois un énorme fossé dans l’histoire de mon pays, entre l’avant et l’après-révolution. Je ne prétends pas raconter la révolution dans mon film, mais j’essaie de montrer ce qui s’est passé dans les seize années suivantes. C’est pourquoi je me suis tant attaché aux vies de mes trois personnages. J’observe ce que cette révolution est devenue après ces seize années et comment la vision de cette révolution a été transformée par chacun des protagonistes. J’ai aussi le sentiment que les grands espoirs et tous les désirs suscités par la révolution ont été, pour la plupart, déçus. Dans l’ensemble, les gens n’étaient pas prêts pour les changements qui ont eu lieu.

(...)

La mise en scène de l’exécution de Ceausescu a été un choc, une nouvelle forme de réalité montrée à la télévision. Est-ce en partie pourquoi la télévision joue un rôle si central dans votre film ?

Je crois que notre révolution a été la première à être diffusée en direct dans le monde entier. En 1989, nous avions très peu d’informations sur ce qui se passait à Berlin, à Prague et dans le reste de l’Europe de l’Est. Tout ce que nous savions venait de la radio américaine Free Europe. Il n’y avait que quelques rumeurs sur les événements d’Europe et sur ce qui s’y passait et qui allait bientôt gagner la Roumanie.

Pensez-vous que, sans la télévision, cet esprit révolutionnaire aurait pu s’emparer de la Roumanie ?

Qui sait ? Habituellement, l’histoire se crée dans les grandes villes, mais le programme de télévision dans mon film montre combien les habitants des petites villes aimeraient également avoir leur rôle dans l’Histoire, même si rien d’important historiquement n’arrive jamais là où ils sont. La télévision fonctionne comme un catalyseur. Je me rappelle encore le moment où Ceausescu s’est enfui. Ma ville tout entière est descendue dans la rue.

Pourquoi vos personnages défendent-ils leurs vérités avec une telle véhémence ?

Je ne crois pas à une seule vérité historique. C’est là le fondement de tout le film. Je me retrouve dans chacun de mes personnages, mais à chacun sa vérité... Ce qui reste par-dessus tout d’une révolution, au-delà des symboles et des images de ses leaders, ce sont les souvenirs contradictoires des gens comme mes personnages. J’ai pensé au RASHOMON d’Akira Kurosawa : comment changeons-nous la réalité dont nous voulons nous souvenir. Dans mon film, les personnages ne mentent pas comme ils le font chez Kurosawa, mais, quand ils veulent se souvenir de ce qui a eu lieu seize ans auparavant, ils commencent à transformer la réalité. Tout le monde a ses propres souvenirs et points de vue. Où est la vérité ? Je montre les différents choix : les gens oubliant si vite, leur mémoire obscurcit les faits et change la réalité.

D’où vient ce sens de l’humour qui joue avec les paradoxes, l’absurde et le fatalisme ?

Cet humour est le fil conducteur de mes films. C’est probablement lié à l’idée d’un certain fatalisme dans la vie. Pendant que je vous parle, à cet instant précis, je suis en train de regarder une pub pour de la bière. Et j’irai en boire une après notre conversation. Nous, les Roumains, nous avons, d’une certaine façon, inventé l’absurdité, ou du moins nous en avons fait un art. Mais je n’ai aucune méthode à vous proposer. L’humour me dépasse. Il vient probablement de ma ville natale et de la mentalité des gens de cette région.

...

Lire la suite dans le dossier de presse sur le site www.bacfilms.com

*

Corneliu Porumboiu:

Né en 1975 en Roumanie, il obtient un diplôme de réalisation de la National University of Drama and Film I. L. Caragiale de Bucarest. Ses courts-métrages, “Livius’Dream” (2003), “Gone with the Wine” (2002) et “A Trip to the City” (2003) lui ont valu plusieurs récompenses, dont le prix de la Cinéfondation à Cannes en 2004. Après avoir été membre de cette fondation, il réalisa son premier long métrage 12:08 À L’EST DE BUCAREST en 2005, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, 2006 et pour lequel il obtint la Caméra d’Or.

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